dimanche 30 juillet 2017

La Baillée des Filles


Voici un aperçu des histoires que je raconte à ma petite Amélie. Celle-ci se passe dans ma belle région d'Anjou, non loin de chez moi. Chaque année, il y a un Tournoi aux Ponts de Cé, petite ville située juste au sud d'Angers. Les ponts enjambent d'abord le Louet, puis la Loire, enfin l'Authion qui est l'affluent le plus au sud. On raconte que ce fut Jules César qui, lors de la Guerre des Gaules, fit construire les ponts au dessus de ces trois rivières. On aurait donc voulu nommer le village "Les Ponts de César" en hommage au grand conquérant. Mais, le sculpteur, alors qu'il rédigeait au burin la plaque commémorative placée sous la statue du Général romain, fut tué lors d'une attaque de Gaulois rebelles. Il avait seulement gravé : "Les Ponts de Cé....." et l'appellation resta.
Mais d'autres soutiennent que tout cela est faux. Qu'il s'agirait de la première syllabe d'un lieu dit tout proche....
Quoiqu'il en soit, il s'agit d'une syllabe unique.
Personnellement, la première version de l'explication me plait !

Bref. Au XV° siècle, notre "Bon Roi René", qui avait à la fois des goûts simples et des goûts de luxe,  aimait résider dans le petit castel de pierre blanche en bordure de Loire. Cela lui convenait beaucoup mieux que l'énorme Château d'Angers, forteresse dans laquelle il avait passé son enfance. C'était un prince itinérant. Mais il revenait fidèlement en Anjou à chaque fête de la Pentecôte. Et c'est à lui que nous devons l'institution de ces Joutes actuelles. 
Car, en Anjou, fidèles à nos traditions, nous avons de nombreuses manifestations médiévales qui rendent nos racines historiques bien réellement, et même physiquement, vivantes !
Alors, je raconte l'origine de cette tradition.

Toutefois, une petite "digression". Heu....Deux, plutôt.

D'abord, je note la contradiction entre un prince avec des goûts simples, et un prince aux goûts de luxe. Est-ce vraiment une contradiction ? Ne pouvons-nous pas avoir l'amour de la simplicité dans le luxe ? Je le laisse à votre bonne méditation.....

Puis, une remarque. De nos jours, on pense qu'autrefois, et surtout "au Moyen Age" - expression deve nue tout à fait péjorative -  personne ne voyageait. On s'imagine que les gens restaient toute leur vie au même endroit, qu'ils fussent princes ou manants. Quelle erreur !
La nature humaine est toujours la même. Je pense réellement que notre psychologie profonde n'a pas changé depuis Messieurs Néanderthal et Cromagnon. Et même depuis Toumaï - un petit bonhomme de 1,20 m et qui ne pesait guère plus de 35 kilos, et qui vécut il y a ....7 millions d'années ! Il nous ressemblait déjà étrangement.... - Nos grands ancêtres aimaient voyager. Pour mille raisons. 
Les hommes du Moyen Age, tout proches de nous, voyageaient déjà beaucoup ! 

Quand vous voudrez, je vous donnerai un cours d'histoire !

En attendant, voici comment et pourquoi fut instituée cette belle fête aux Ponts de Cé ...



                                                    La Baillée des Filles


Il n’y a pas qu’à toi que je raconte des histoires, ma petite Amélie !
Hier soir, alors que je prenais un sauna en compagnie de deux de mes amis, et que nous parlions du spectacle de fauconnerie du Puy du Fou, j’en suis venue à évoquer un autre spectacle de ce genre que j’ai pu admirer par deux fois aux Ponts de Cé, lors de la fête appelée « la Baillée des Filles ».
« La Baillée des Filles ? Qu’est-ce que c’est que ça ? » dit en riant le monsieur qui se fait appeler RV et venait juste d’arriver.
« Amélie s’apprêtait justement à me l’expliquer. » lui répond Fabrice, le beau jeune homme d’origine portugaise, revenu tout bronzé de ses vacances en famille.
« Allons nous mettre au chaud, et je vous raconte cette belle histoire ! » ai-je conclu en m’installant dans la petite pièce lambrissée. 

Nous sommes tous trois « amis de sauna ». C'est-à-dire que nous fréquentons régulièrement le Club Sportif de Doué la Fontaine et que cela nous donne accès, en illimité, au sauna-hammam. Nous y avons fait connaissance il y a déjà quelques années et nous nous y retrouvons régulièrement. Chacun a ses jours de préférence et ses petites habitudes. Nous nous installons pour transpirer et échangeons anecdotes et nouvelles, grandes ou petites, en évitant soigneusement les sujets qui fâchent comme les impôts, la politique intérieure ou le terrorisme international. En effet, nous sommes tous là pour nous détendre et passer un moment agréable avant de repartir au front – puisque l’on dit que la vie est un combat…

Il se peut que je m’illusionne mais il me semble que tout le monde m’aime bien là bas. J’explique aux nouveaux l’art de prendre un sauna, et les anciens me racontent leurs affaires. Certains me font même des confidences. Nombreux sont celles ou ceux qui m’ont communiqué leur numéro de téléphone et, lorsqu’un vieil habitué ne vient plus, c’est vers moi que l’on se tourne pour avoir de ses nouvelles. J’ai même eu tout récemment la visite surprise d’un ancien « ami de sauna » qui, revenant d’Afrique, est passé me voir ! Naturellement, j’ai raconté aux autres à quel point il est heureux dans son nouveau poste à Porto-Novo.

Maintenant, lorsque les circonstances s’y prêtent, il m’arrive de raconter une histoire, puisque, non contente d’être écrivain, je suis devenue conteur, à l’exemple de mon cher Geoffrey Chaucer !

Le personnage principal de ce conte est le « Bon Roi René ». Il naquit au château d’Angers en 1409 et mourut à Aix en Provence soixante et onze années plus tard, c'est-à-dire en 1480. Il était gros, gras et bien laid – c’est du moins mon avis. Mais il faut croire que, nonobstant son aspect physique, c’était un homme agréable puisqu’il fut aimé de tous et passa à la postérité avec cet enviable surnom de « Bon Roi ». Or, roi, il ne le fut guère qu’en titre, et à propos de titres, il en avait tellement que je ne résiste pas au plaisir de les citer. Voilà ! C’est le cas de rire en disant « Excusez du peu » !


Seigneur, puis comte de Guise
Duc de Bar
Duc de Lorraine
Duc d’Anjou
Comte de Provence et de Forcalquier
Comte de Piémont
Comte de Barcelone
Roi de Naples
Roi titulaire de Jérusalem
Roi titulaire de Sicile et d’Aragon
Marquis de Pont à Mousson
Pair de France 

René était un prénom plutôt rare. Son père, Louis II, duc d’Anjou, avait épousé une personne particulièrement remarquable : Yolande d’Aragon. Elle était intelligente, perspicace, pourvue d’un vif sens politique, et capable de prendre d’importantes décisions et d’en assumer toutes les conséquences – ce qui, d’après mon expérience, est chose rare. C’est en tant que duc d’Anjou que René nous intéresse, mais au long de mon histoire, je lui conserverai son titre le plus élevé et le plus affectueux, consacré par l’Histoire, de « Bon roi René ».

Enfant, il habitait au château d’Angers avec sa mère, Yolande, et d’autres princes, notamment le jeune Charles, fils du roi de France Charles VI le Fol et d’Isabeau de Bavière. Son père étant sujet à des accès de démence violente, au cours desquels il pouvait aller jusqu’à tuer ses proches, et sa mère ne l’aimant pas, la duchesse Yolande avait accueilli chez elle le dauphin, futur Charles VII. C’est probablement pourquoi René I° d’Anjou fut toujours fidèle au roi de France, son suzerain. D’autant plus que sa sœur Marie était devenue reine de France !

En ce temps là, on se mariait tôt. La princesse Yolande avait de grandes ambitions pour son René chéri. Elle lui fit épouser, à onze ans, Isabelle de Lorraine, sa cadette de quelques mois ! C’est pourquoi il hérita de vastes terres, en Lorraine d’abord, puis un peu partout en Europe du sud, grâce aux cousinages entre monarques et grandes familles, car à cette époque tous les princes et les grands aristocrates étaient parents entre eux – directs ou éloignés. Je crois que l’on peut dire que le gouvernement de l’Europe sous l’Ancien Régime était une vaste affaire de famille ! Princes et princesses ne se mariaient jamais par inclination personnelle, mais toujours pour satisfaire aux intérêts de la famille. Il arrivait toutefois que, quelques uns de ces mariages politiques ou diplomatiques devinssent des mariages d’amour. Au XIII° siècle, ce fut le cas pour Louis IX - Saint Louis – lorsqu’il épousa Marguerite de Provence. Et au XV°, le très jeune René et la charmante Isabelle furent d’abord mariés, puis tombèrent amoureux l’un de l’autre. Ils eurent beaucoup d’enfants, et comme Isabelle mourut la première, René demanda à être inhumé à ses côtés lorsque son tour viendrait d’aller rejoindre ses glorieux ancêtres.

Si René fut un « Bon Roi » ce ne fut pas dans le sens politique. On dit que Louis XI le fut. Mais quel homme antipathique ! D’ailleurs on le surnomma « L’universelle araignée » pour stigmatiser sa cautèle et son goût des intrigues, sa patience et ses ruses. C’est pourquoi il vint à bout de tous ses ennemis, comme l’araignée finit toujours par prendre les mouches dans sa toile. Après avoir incarcéré ses opposants – on a murmuré que certains avaient été mis dans des cages de fer… - précipité la chute de Charles de Bourgogne – le Téméraire, il dépouilla notre Bon Roi René de son duché d’Anjou. C’est pourquoi celui-ci, vieux et ruiné, finit ses jours en Provence.

Néanmoins, il eut une vie relativement agréable. La politique, les intrigues, les guerres….. tout cela l’ennuyait profondément. Ce qu’il aimait, c’était gérer ses domaines, procéder à de nouveaux aménagements et embellissements. C’est ça, le mot clé : la Beauté. Cet homme épais, au visage peu avenant, était épris de Beauté. C’était avant tout un esthète. Ce fut un grand mécène et un protecteur des lettres et des arts. D’ailleurs, il écrivit lui-même quelques ouvrages.[1] Un traité sur les tournois, car la chevalerie était encore à l’honneur au XV° siècle. Un autre livre beaucoup plus édifiant, dans lequel il déplore que la plupart des choses belles et agréables en ce monde soient qualifiées de tentations diaboliques par l’Eglise, et jugées impropres à la sanctification des âmes. En effet, comment peut-on se passer de vêtements de velours, de bagues précieuses, d’élégantes demeures et de la charmante compagnie des jolies dames ? Les moines le peuvent peut-être, mais pas René. Dans son dernier ouvrage, il parle d’amour en termes désuets. Tous ses personnages sont des allégories. Je l’ai lu. Il ne s’agit pas là d’une œuvre impérissable, mais, d’un certain point de vue, c’est assez charmant.


Notre bon duc, où qu’il vécut – parce que c’était un prince itinérant, qui allait de domaine en château, de comté en duché, et de province en royaume… il faut dire qu’il avait l’embarras du choix ! Non. Car en réalité, les impératifs politiques le guidaient – donc, où qu’il fut, René protégeait tous les artistes. Peintres et enlumineurs, brodeurs et fourreurs, orfèvres, architectes et même jardiniers ! C’est qu’il appréciait les beaux livres et consacra beaucoup de temps et de pécunes à augmenter sa merveilleuse bibliothèque tout au long de sa vie, en acquérant de splendides manuscrits enluminés. Ses vêtements, larges et amples pour cacher sa bedaine, bien épais pour se garder du froid, se devaient d’être somptueux pour témoigner à la fois de son bon goût, de sa fortune, et de son rang.

C’est que les choses ont bien changé, Amélie. De nos jours, bon ton rime avec discrétion. Il faut se fondre dans la masse pour ne pas se faire remarquer, et, où que l’on aille, on retrouve les mêmes vêtements. C’est un des effets de la « mondialisation ». Quant aux français, ils ont tous adopté le noir, une bonne fois pour toutes. Pour t’en convaincre, tu n’as qu’à regarder autour de toi. Mais au XV° siècle, chacun portait le vêtement approprié à son état et à sa fortune – chose que l’on ne craignait pas d’exhiber avec fierté. Et on aimait les couleurs vives ! Il suffit de regarder les enluminures de l’époque et de lire certaines descriptions.

Comme tu as maintenant l’habitude de mes petites digressions et que tu sais bien que je ne vais pas tarder à revenir à mon sujet, je vais t’emmener faire un petit tour chez Dame Béatrice de Savoie, la maman de Marguerite de Provence que j’ai mentionnée plus haut. C’était, parait-il, une des beautés de son temps.
Entrons dans sa chambre du château de Forcalquier et regardons-la se faire une beauté, avec l’aide de sa servante Fantine, avant de recevoir son époux qui revient victorieux d’une campagne militaire. « Fantine démêle d’abord les longs cheveux de Dame Béatrice avec un grand peigne d’ivoire, et confectionne une tresse dont elle lui entoure la tête. Elle l’aide ensuite à enfiler une cotte en drap bleu de Gand qui moule le buste et s’évase aux hanches. Après en avoir boutonné les manches jusqu’aux poignets, Béatrice revêt un surcot à traîne de camelin[2] rouge, orné à l’encolure d’un fermail d’argent ouvragé à motifs orientaux. Elle choisit dans un coffre un mince cordon de cuir et d’argent sertit d’émeraudes dont elle se ceint les hanches et tend ses pieds à Fantine qui les chausse d’une paire de fins solers en cuir de Cordoue émaillé de petites fleurs roses. Elle jette enfin sur ses épaules le mantel mauve à broderies et fourré d’hermine que retient une cordelette dorée, et Fantine lui pose une coiffe également mauve tissée de fils d’or. Un voile maintenu par un serre-tête lui encadre le visage, faisant ressortir la pureté de l’ovale. »[3]
Oui, me diras-tu, ma petite Amélie, mais c’était au XIII° siècle ! Tout à fait d’accord. Alors, regarde ce que l’on portait au XV° :



Au XV° siècle, les belles dames portaient des robes à tassel. C’était le « must » de l’époque. Elles étaient décolletées en un V si profond qu’il fallait y placer un triangle au milieu : le tassel qui donne son nom à la robe. Ceinture haute, manches étroites, jupe à longue traîne, et le tout bordé de martre, de petit vair ou d’hermine. Je ne parle pas des couleurs !

Notre bon René appréciait toutes les œuvres d’art, certes. Mais il aimait aussi la nature, les jardins, les fleurs et les animaux. Quand une demeure lui plaisait, il s’y installait et faisait aménager massifs de fleurs et plantations d’herbes potagères[4], comme on disait à l’époque, car il était très gourmand ! Donc, ses jardiniers lui importaient fort ! De plus, il aimait entretenir une ménagerie – une sorte de petit zoo. Il fallait acquérir les animaux, les nourrir, les soigner. Il allait les visiter et laissait les bonnes gens entrer en ses jardins pour admirer les bêtes. Dans ce domaine, aucun changement, tout le monde aime voir des animaux exotiques, ou particulièrement jolis comme les paons dont René raffolait. Mais à cette époque, les grands princes n’accueillaient pas les petites gens dans leurs jardins, et ne faisaient pas participer leurs domestiques à leurs fêtes. C’est probablement cette grande gentillesse qui a valu à René son affectueux surnom. Et peut-être aussi son goût pour les demeures simples et sa familiarité avec les gens de son entourage, quels qu’ils fussent.

Lorsqu’il résidait en Anjou, il ne s’enfermait pas dans cette énorme forteresse-château d’Angers où il était né. Non. Il préférait son petit châtelet des Ponts de Cé, son pavillon de chasse de Baugé ou, à l’est de Saumur dans le village de Villebernier, le Manoir de Launay que j’aime tant.




Toujours entouré de ses proches, il parlait familièrement à tous et organisait parfois des fêtes ou de simples petites activités ludiques. Il se montrait alors « bon homme » proche de tout un chacun, sans pour autant perdre de sa majesté. On dit bien que, seuls, les vrais aristocrates savent doser distance protocolaire et familiarité…



Lorsque le Bon Roi René était en son châtelet des Ponts de Cé, il s’occupait de ses jardins, de ses récoltes, et des pêcheurs de la Loire. En effet, il avait dessiné parterres fleuris et roseraies où il se promenait souvent. Il faisait engranger les produits de ses terres afin de pouvoir les consommer lors de ses séjours, car il était grand amateur de bonne chère et de bons vins ! Et comme la Loire coulait au pied du château, il pouvait observer les activités des pêcheurs, leurs barques et leurs filets, et même leurs enfants quand ceux-ci venaient aider leurs pères. René aimait à la fois le plein air et ses aises. Il avait donc fait construire au bord de l’eau un charmant pavillon dans lequel il pouvait venir se reposer ou dîner, tout en goûtant la proximité rafraîchissante de l’eau et le clapotis des vaguelettes. Il n’emmenait là que des amis intimes. Parfois, comme on le savait « bon homme » les pêcheurs, au lieu de se contenter de le saluer de loin, venaient le voir et lui apportaient leurs plus belles prises. René leur posait des questions sur la pêche, ses techniques, et leurs vies. Puis, pour les remercier, il leur faisait donner une récompense et envoyait les poissons à la cuisine.
Il aimait particulièrement les aloses.

Ces poissons sont des migrateurs. En avril et en juin ils remontent les fleuves de la façade atlantique pour se reproduire en eau calme. Beaucoup de gens les trouvent délicieux, mais, comme les brochets, ils ont de très nombreuses arêtes. Les chefs cuisiniers ont donc inventé des recettes pour faire « fondre » les plus fines. Maître Coqenpot, au service du roi René depuis son plus jeune âge, avait mis au point une célèbre marinade aux herbes et au vinaigre, dans laquelle il précuisait les aloses, avant de les servir accompagnées d’une sauce verte. Ou alors, il farcissait les poissons de feuilles d’oseille qui poussaient dans le jardin des simples que tout grand seigneur se devait d’avoir. Le Bon Roi René se régalait et faisait servir du vin blanc sec et pétillant qu’il appréciait beaucoup.
Lorsqu’il n’y avait pas d’alose, on lui préparait du brochet farci dont il était également friand, comme le comte Geoffroy Grisegonelle quatre cents ans auparavant !

Aimant les poissons, il aimait aussi les pêcheurs, et était devenu très familier avec eux. A cette époque, chaque métier était organisé en corporation et avait un saint patron. Celui des pêcheurs était Saint Nicolas. Je me demande bien pourquoi ? Peut-être parce que le comte Foulques Nerra, en route pour son second pèlerinage à Jérusalem, alors que le bateau sur lequel il s’était embarqué, pris dans une de ces terrifiantes tempêtes méditerranéennes, était sur le point de sombrer, avait fait le vœu de bâtir une église en l’honneur de Saint Nicolas si celui-ci empêchait la tragédie. Comme il avait été exaucé, de retour en Anjou, il avait tenu parole. Quoiqu’il en soit, les pêcheurs proches des Ponts de Cé considéraient qu’ils avaient deux protecteurs, Saint Nicolas au ciel et le Bon Roi René sur terre.

On apporte des poissons à Maître Coqenpot

Un jour, René imagina une petite fête originale pour ses amis les pêcheurs. Il fut convenu que les filles qui accompagnaient leurs pères sur les barques, concourraient une fois l’an au printemps. Celle qui rapporterait le plus beau poisson en moins d’une demi-heure serait la gagnante. Elle baillerait sa prise au roi, lequel lui baillerait un baiser et une bourse. On choisit le jour de l’Ascension, fête chômée propre aux amusements, et période de l’année la plus favorable à la prise des aloses puisqu’elles pondent au printemps.

La première fois, une douzaine de concurrentes se présentèrent. Toutes de belles filles robustes, sachant diriger une barque, manier les rames et nager. Chacune sauta dans sa barque et s’en fut jeter son filet à l’endroit du fleuve qu’elle jugeait le meilleur. Pour faire passer le temps agréablement, René se fit servir un vin blanc léger, et se mit à le déguster tout en gardant les yeux fixés sur les barques. Dix minutes après le début de la compétition, une des filles revint à grands coups de rames, s’élança vers le gros panier qui était posé là sur la berge, y plaça une alose de près de sept livres[5] et vint l’offrir au Bon Roi René. Après lui avoir fait une profonde révérence elle posa le panier à ses pieds et le regarda, toute rougissante.
« Bravo ! Bravo ! - dit René - Comment t’appelles-tu, mon enfant ? »
« Rose, Sire »
« Rose ! Vraiment ! Quel nom charmant et comme il te va bien ! Mais dis-moi, as-tu un promis ? »
« Pas encore, Sire. Pourtant je fêterai mes quinze ans à la Saint Michel… »
« Jolie et adroite comme tu l’es, je suis sûr que tu feras une excellente épouse. Je vais te trouver un mari. N’aie crainte, je choisirai un beau garçon, et ensemble, vous fondrez une belle famille de pêcheurs. Tiens ! Voici une bourse pour te récompenser de l’alose que tu m’as baillée et t’aider à monter ton ménage. Et maintenant, approche, ma petite Rose, que je te baille un baiser. »

Le Bon Roi René baisa la joue de la jeune fille qui, à son tour, posa ses lèvres sur la joue du roi. Elle fit quelques pas à reculons, puis courut se jeter dans les bras de ses parents, toute fière d’avoir gagné le concours, heureuse de rapporter la récompense, et très émue de la promesse que le Bon Roi venait de lui faire de lui trouver un mari !




Scène de pêche dans les boires – les bras morts - de la Loire. On voit bien qu’il y a des femmes qui participent activement. 

Nous sommes maintenant en l’an de grâce 1470. Notre bon René d’Anjou a soixante et un an, âge respectable à toutes les époques. Comme souvent au printemps, il vient s’installer dans son petit château des Ponts de Cé pour y fêter l’Ascension de Notre Seigneur Jésus. Il est bien fatigué de la politique, des intrigues et des diplomates. Tout ce qu’il veut, c’est être tranquille pour écrire des poèmes selon son inspiration, ou peindre quelque gentil sujet. Il veut pouvoir se promener dans ses jardins, accompagné de ses chiens familiers, jouir de l’air pur, admirer la beauté précieuse de ses paons et humer le délicat parfum de ses rosiers. Ah ! Les roses !
A ce sujet, je vais me permettre une nouvelle petite digression. Le puis-je ? Mais certainement, puisque je suis l’auteur ! Voilà : en évoquant les roses, je me prends à penser que si le Bon Roi René vivait à notre époque, il aimerait beaucoup venir à Doué la Fontaine, capitale européenne des rosiers. Il suivrait de près les créations des rosiéristes et commanderait de nombreux rosiers pour ses jardins. Naturellement, il participerait aux Journées de la Rose ! On l’inviterait à co-présider avec Monsieur Travers et à participer au choix du lauréat du Concours International d’Art Floral ….

Il aimait tellement les jardins !
Aussi, à peine arrivé aux Ponts de Cé, il va sans plus attendre voir si ses rosiers sont en fleurs. Mais voilà, il est arrivé à l’improviste, et le jeune homme responsable des jardins n’a pas eu le temps de finir les tailles, l’arrangement des massifs et le désherbage. Le roi René, fatigué par le voyage, est si déçu, qu’il ne voit plus que les mauvaises herbes qui envahissent les allées, les massifs négligés et les arbres non taillés. Sa déception se mue en colère. Il en perd toute bonhommie et, furieux, appelle son intendant.
« Dis-moi, Yvon, qui est le responsable du jardin ? »
« Simon Gauthier, Sire. »
« Fort bien. Mande-le sur le champ ! »
Yvon s’éclipse et revient promptement flanqué d’un grand et beau jeune homme qui, ayant appris que le roi n’était pas content, n’en mène pas large…
« Voici Simon Gauthier, Sire. C’est votre jardinier en chef. »
« Ah ! Jardinier dis-tu ? Bon à rien, plutôt ! Et paresseux, en plus ! Mais qu’as-tu donc fait en mon absence ? Regarde-moi ça : les plantes sont étouffées par les mauvaises herbes et les tailles n’ont pas été faites. Même les allées ne sont pas entretenues ! Je me prends les pieds dans les pissenlits et les liserons ! »
« Certes, Monseigneur. Certes… Mais…vous êtes arrivé sans prévenir et je n’ai pas eu le temps de nettoyer… »
« Parce qu’il me faudrait t’avertir de mon arrivée ? Mais ne suis-je pas ici chez moi ? Et en tous temps ? »
« Certes, Monseigneur. Certes… Mais c’est qu’il a tellement plu depuis deux mois que tout a poussé de façon anarchique et que mon équipe et moi-même ne pouvions tailler sous des trombes d’eau. Nous enfoncions dans la boue…. »
« Alors, non seulement tu es un incapable et un négligent, mais en plus, tu as l’outrecuidance de te trouver des excuses ! »
« Gardes ! - s’écria René, rouge de colère - Saisissez-vous de cet insolent, et, puisqu’il a craint d’enfoncer ses pieds dans mes parterres, enfoncez-le dans un cachot bien humide ! »
Yvon, désolé du tour que prennent les choses, essaie d’intervenir :
« N’est-ce pas une punition bien dure, Sire ? C’est qu’il dit vrai au sujet des pluies de printemps. A tel point que l’on parle de changement climatique… »
« Fariboles ! Balivernes ! - rugit René - Inventions de gens incultes et désoeuvrés à l’affût de nouveautés malsaines ! Emmenez-le ! »
« Mais, Sire, vous avez fait transformer tous les cachots en caves pour vos barriques. Où le mettrai-je ? »
« Au cellier ! Dans un placard à balais ! Où vous voudrez, mais hors de ma vue ! »
Tout le monde s’incline … à regret. René d’Anjou fulmine. Son double menton tremblant d’indignation, il fait demi-tour et rentre s’enfermer dans sa chambre.

La consternation règne au château. Le cuisinier, Maître Coqenpot, ne chante plus devant ses feux. Les familiers du duc essaient maladroitement de marcher sur la pointe des pieds, mais leurs longues poulaines les en empêchent... Quant aux serviteurs du château, ils rasent les murs.

René boude jusqu’au lendemain. Il y avait certes de quoi être mécontent. Mais le Bon Roi René avait aussi bien d’autres soucis en tête, et peut-être que la négligence de Simon Gauthier était « la goutte qui fait déborder le vase » ? Enfin, il faut bien dire que ce prince avait l’habitude d’être obéi au doigt et à l’œil, et qu’étant le genre de personnage dont les désirs sont des ordres, il avait pris l’habitude de se comporter en enfant gâté et de réagir de façon excessive aux contrariétés.

Le lendemain en début d’après midi, le Maître de la Corporation des Pêcheurs des Ponts de Cé se présente au château et demande à rencontrer le roi René. Mais voyant que tout le monde fait une tête longue de trois pieds six pouces, il pose quelques questions au majordome et à l’intendant qui ne se font pas prier pour lui raconter toute l’affaire.
« Hier le roi s’est enfermé dans sa chambre. Aujourd’hui, il se tient dans sa bibliothèque. Personne n’ose le déranger. Ce n’est pas dans ses habitudes. Ah ! Tout le monde pâtit de la négligence de ce coquebert[6] de Simon ! »
Maître Jacquemin réfléchit.
« Cela ne me semble pas si grave. » dit-il au bout de quelques instants. « Ce qu’il faudrait à notre Bon Roi, c’est un divertissement. Et c’est justement ce que je venais lui proposer. Alors, j’insiste. Conduisez-moi près de lui. »

Une fois dans la bibliothèque, Maître Jacquemin s’incline devant le roi et lui dit :
« Sire, je suis venu vous saluer et m’enquérir de votre santé. Vous souhaiter la bien-revenue parmi nous, et vous rappeler que c’est aujourd’hui que doit avoir lieu le concours de pêche des jeunes filles. Vous n’avez pas oublié, j’espère ? Il ne devrait pas tarder à commencer. Nous ferez-vous l’honneur de venir parmi nous ? »
Ces quelques mots semblent avoir un effet magique sur René. Ils rompent le maléfice. Le voilà qui sourit et répond :
« Ah ! Maître Jacquemin ! Comme je suis heureux de vous revoir ! Alors, le concours de pêche est aujourd’hui même ? Je vous accompagne. Allons-y pressément ! »
Et le voilà remis de ses contrariétés. Il donne ses ordres pour que l’on porte son fauteuil dehors près des berges de la Loire, car il veut voir de près les jeunes concurrentes.


Brochet en colère !

Cette année, elles sont un peu moins nombreuses. Seulement huit. Mais toujours aussi belles et audacieuses, jeunes et pleines de confiance dans le bonheur que ne manquera pas de leur apporter une vie saine et laborieuse. Le roi s’installe confortablement, et au signal donné, les huit intrépides jeunes filles sautent dans leurs barques. Après s’être un peu éloignées de la berge, elles lancent leurs filets. Généralement, il faut compter dix à quinze minutes avant qu’un beau poisson se laisse prendre. Mais cette fois, il ne se passe pas cinq minutes que l’une d’elles sent le sien s’alourdir, le relève, le jette dans sa barque avec son contenu, et se mette à ramer vigoureusement vers la berge.
Les spectateurs crient : « C’est Jeanne ! C’est Jeanne ! »



Et Jeanne, une fois arrivée, essaie de se saisir de sa prise, mais elle doit lutter contre un énorme poisson qui, encore bien vivant, se débat comme un diable que l’on aspergerait d’eau bénite ! Elle finit par l’assommer d’un coup de rame, puis elle le place dans une grande corbeille qu’elle saisit à pleins bras, et s’élance vers le fauteuil du roi. Une fois arrivée, elle pose la corbeille à ses pieds et se redresse. Elle le regarde droit dans les yeux, toute fière !

René se penche vers le poisson. Ce n’est pas une alose cette fois, mais un énorme brochet de plus de douze livres. Pas étonnant qu’il se soit débattu ! Puis, il regarde la jeune fille. Elle est grande et fort avenante. Blonde aux yeux verts, l’air décidé, toute souriante. Celle-là n’est pas timide !

René, qui a tout oublié de ses contrariétés, lui rend son sourire avec beaucoup de bonhommie, et lui dit :
« Félicitations, mon enfant ! Je ne me souviens pas avoir vu pêcher si gros poisson en si peu de temps. Je m’en vais le confier à Maître Coqenpot, qui est un artiste, et le dégusterai avec bonheur. Dis-moi, ma jolie, comment t’appelles-tu ? »
« Jeanne, Sire. Je m’appelle Jeanne Godineau. Mon père est pêcheur, comme son père le fut, comme tous mes ancêtres. Pour vous servir, Sire. »
« Non seulement elle est belle et habile, mais elle a la langue bien pendue. » commente René, se tournant vers ses proches pour les prendre à témoins. Puis, posant à nouveau les yeux sur Jeanne :
« Voici la bourse que je te baille pour m’avoir baillé si beau brochet. Et maintenant dis-moi, as-tu un promis ? »
« Oui, Sire ! Et nous nous aimons de grand amour. »
« Bien. Très bien - dit René, pensant à sa belle Isabelle… - Et… comment s’appelle-t-il ? »
Jeanne se trouble un instant. C’est que les nouvelles vont très vite, et que toute la population des Ponts de Cé est informée de la cause de la mauvaise humeur du roi. Mais Jeanne est une fille franche, honnête et courageuse. Alors, le regardant bien droit dans les yeux, elle se lance :
« C’est Simon Gauthier, Sire. Celui que vous avez fait enfermer dans votre cellier, parce qu’il n’avait pas eu le temps de faire tailler vos arbres et de nettoyer vos jardins avant votre arrivée. »
« Simon Gauthier ? Ce vaunéant ! Ah ! Non ! Il n’est pas digne de toi. Je reprends ma bourse, de peur que tu la partages avec lui. »
« A votre guise, Sire. Je reprends donc mon brochet. » répond Jeanne, qui pose déjà les mains sur les anses de la corbeille…

« Tout doux ! Tout doux ! Attend un peu, jeune fille ! »
René est sidéré. Cette petite oiselle ose lui tenir tête…..
« Sais-tu, mignonne, que tu ne manques pas d’audace ! Te rends-tu compte que tu es en train de tenir tête à un roi ? »
« Et vous, Sire, savez-vous que l’on vous a surnommé le « Bon roi René » ? Aussi j’espère que vous allez pardonner à Simon et vous montrer généreux, comme il sied aux rois…. »
Elle lève sur lui des yeux pleins d’espoir et de confiance.
Alors, René rend les armes.
« Ah ! Ma mie… - dit-il - laisse-moi le poisson. Je te rends la bourse. Et baille-moi un baiser. »
« Oui, Sire…quand vous aurez libéré mon promis. »
René se tasse au fond de son fauteuil, vaincu par l’audace de la jeunesse, la confiance et l’amour.
« Allez chercher ce mauvais sujet. » dit-il à son intendant.
« Ah ! Sire ! - s’écrie Jeanne joyeusement - Non seulement je vous laisse mon poisson, mais c’est deux baisers que je vous baille ! L’un pour vous, et l’autre pour me rendre mon Simon. »
Et la belle Jeanne, s’approchant du Bon roi René qui avait l’âge d’être son arrière grand père, l’embrassa sur les deux joues. A quoi notre Bon René fit de même.

Je gage que c’est de là qu’est née cette coutume locale de se faire quatre bises à chaque rencontre !



                               Les bonnes gens des Ponts de Cé carolent avec entrain !

Nous sommes maintenant en l’an de grâce 2016 et la commune des Ponts de Cé a organisé la « 546° Baillée des Filles » le jeudi 5 mai, jour de l’Ascension de Notre Seigneur. Je m’y rends depuis deux ans et j’ai pu y admirer le Maître oiseleur et ses rapaces – dont certains venus du Puy du Fou – donnant un spectacle de fauconnerie ;  la Compagnie des Archers Ligériens et les Lions d’Anjou ; les armuriers et haubergiers d’antan présentant broignes, cottes, armures et heaumes, haches et épées, boucliers et écus ; jongleurs et baladins ; et de splendides tournois. Les chevaliers sont toujours très attendus et applaudis à tout rompre par une foule enthousiaste. Et nombreux sont les assistants qui n’hésitent pas à porter un costume médiéval. J’en fais partie. Nous autres, angevins, sommes fiers de faire revivre nos traditions et notre histoire.

Longue vie à notre Bon roi René !


Le mardi 2 août 2016
A La Musardière
Non loin des Ponts de Cé


[1] Voici les titres de ses livres, tous dans le genre des romans courtois et de chevalerie :
Traité de la forme et devis comme on fait les tournois (1451-1452)
Le Mortifiement de Vaine Plaisance (1455)
Le Livre du Cuer Damours efpris (1457)


[2] Le camelin est un tissu fabriqué à base de poil de chèvre, auquel on ajoute de la soie et de la laine de mouton. On peut en faire à base de poil de chameau – d’où son nom.
[3] In Les demoiselles de Provence, Patrick de Carolis, Plon 2005. P.35.
[4] Autrement dit : des légumes.
On cultivait également les simples. Du latin « simplicis medicinae ». C’était le nom que l’on donnait aux plantes médicinales au Moyen Age. Les principales étaient la sauge (réputée tout guérir), l’achillée millefeuille (vulnéraire et cicatrisante), la consoude (soignait les blessures), l’armoise (qui soulageait les pieds fatigués), le millepertuis (bon pour les brûlures), la guimauve (pour les dents), la verveine (qui soignait les pustules), l’angélique (censée protéger de la peste), ainsi que la rose, la violette, la réglisse, et beaucoup d’autres plantes.
[5] Je rappelle qu’une livre représente 500 grammes. L’alose pesait donc environ 3,5 kilos.
[6] Nigaud.

"Pour Amélie"


Voilà mon tout dernier ouvrage. Publié, comme d'habitude, à la Société des Ecrivains - Laquelle a quitté le Quinzième Arrondissement pour aller s'installer au 175 Boulevard Anatole France à Saint Denis. On a également changé le petit logo...




Tel est le commentaire de mon Editeur en quatrième de couverture. Cela peut donner au lecteur un aperçu du contenu de l'ouvrage et surtout de l'esprit qui a animé l'auteur. J'ai écrit ce livre, ce recueil d'histoires du Moyen Age, pour ma petite fille : Amélie. Elle habite trop loin de chez moi pour que je puisse les lui raconter moi-même. Aussi ai-je entrepris de les lui écrire, afin qu'elle les lise, au calme, bien tranquillement ......  lorsqu'elle saura lire ! Car elle est maintenant trop petite. Mais cela n'empêche pas d'autres lecteurs, jeunes ou beaucoup moins jeunes de profiter de ces histoires, intemporelles et immortelles. 

Beaucoup sont déjà connues et célèbres. Mais je les ai ré-écrites à ma façon, et parfois, je me livre à quelques commentaires de mon cru - ce que j'appelle "une petite digression" - Vu l'époque, ou plus exactement, les époques auxquelles on situe ces récits, je n'ai pu utiliser un vocabulaire trop contemporain. Cela affadirait beaucoup les textes et en dénaturerait l'esprit. Aussi le lecteur trouvera bon nombre de mots anciens. Mais qu'il se rassure ! Les nombreuses petites notes explicatives le feront entrer de plein pied dans les siècles passés. Et mon Editeur a eu la gentillesse de les placer en bas de pages, et non en fin d'ouvrage, ce qui facilite grandement la lecture.

Ces récits, "Contes et Légendes" sont tous différents. Les uns sont comiques, les autres épiques. Il y a des fins heureuses ou dramatiques. Tous sont instructifs, souvent, à plus d'un titre. Mais je me garde de donner les Morales car, comme je le dis à Amélie, je souhaite que chacun réfléchisse sans être influencé par l'opinion des autres.